DE 1948 A 1954, LE DEBUT DU JAZZ COOL, GIL EVANS, PREMIERS CONCERTS A PARIS, MODERNITE ET DEPENDANCE

SOUS L’INFLUENCE DE L’ARRANGEUR GIL EVANS,
LE DEBUT DU JAZZ COOL

Miles rencontre le compositeur Gil EVANS à la fin de l’année 1947, les deux musiciens se découvrent des goûts communs, EVANS demande à Miles la partition de Donna Lee, Miles va très souvent chez lui pour écouter des disques de jazz, mais aussi de musiciens classiques contemporains comme Igor STRAWINSKY ou Paul HINDEMITH. Le binôme Miles DAVIS-Gil EVANS, appartient désormais à l’histoire du jazz.

« Il aimait comme je jouais et j’aimais comme il écrivait ».

« Nous avions cette chose, ce son en commun.(…) La première chose que vous entendez quand quelqu’un joue ou écrit des choses, ou même parle, c’est le son, la forme d’onde. Et avoir cela en commun rendit la collaboration possible ».

 

Gil EVANS est déjà connu dans le milieu des musiciens de jazz, pour avoir écrit des arrangements pour l’orchestre de Claude THORNHILL dans les années 40.


Très vite, l’appartement de Gil EVANS devient le lieu de rencontre des boppers, et l’idée d’un groupe expérimental germe.


Gerry MULLIGAN, John CARISI et John LEWIS préparent les partitions et Miles DAVIS s’occupe des répétitions.

 

 

Fin 1948, l’orchestre est prêt, c’est un nonet qui joue des arrangements du compositeur Gil EVANS du pianiste et compositeur John LEWIS et du compositeur et saxophoniste baryton Gerry MULLIGAN.

On y entend le batteur Max ROACH, le saxophoniste alto Lee KONITZ, le contrebassiste Al Mac KIBBON, le chanteur Kenny HAGOOD, le trombone Michael ZWERIN, le tubiste Bill BARBER, et le corniste Junior COLLINS. Le groupe est magnifique, les arrangements sont somptueux et les musiciens sont aussi bon lecteurs que solistes. Le style harmonique est très moderne, lorsque le tempo s’accélère on sent l’influence du phrasé de Charlie PARKER sur tous les solistes.

 

La musique de l'orchestre est un savant contrepoint dans lequel beaucoup de notes et de passages sont en suspension et en attente de résolution. La structure des arrangements est distendue, il y a des mesures à trois temps et des étirements de la forme. L’ambiance rythmique des arrangements est toujours ternaire. L'ambiance harmonique est très moderne et les dissonances sont nombreuses.
Miles est très bon et très à l’aise, on sent dans ses solos l’influence harmonique du Be Bop et la décontraction de son phrasé, son placement rythmique ternaire entraine tous les musiciens. A partir de cette période, quand il phrase en double croches, le sens de ses phrases et la précision de son tempo font merveille.

Pour les enregistrements, Kai WINDING prend le trombone, Al HAIG, le piano, Joe SHULMAN la contrebasse, Mike ZWERIN le trombone, puis JJ JOHNSON joue aussi le trombone, Sandy SLIEGELSTEIN le cor, John LEWIS le piano, Nelson BOYD la contrebasse, et Kenny CLARKE la batterie. L’orchestre commence à faire quelques concerts à l’automne 1948, en première partie de celui de Count BASIE.

 

« Notre point commun, c’était que nous jouions tous au fond du temps, sans vibrato ». Mike ZWERIN

L’orchestre sonne différemment pour l’époque, « Je voulais des instruments qui sonnent comme des voix humaines », la couleur et les timbres des instruments sont feutrés, chaque musicien phrase dans des voicings et des registres équilibrés. Le son du nonet se rapproche de celui d'un big band.

 

C’est le nonette de Miles DAVIS, que l’on retrouve sur l’album Birth of the Cool, et surtout sur l’album The Complete Birth of The Cool où les morceaux enregistrés au Royal Roost en septembre 1948 sont extraordinaires. Le son est daté, mais c’est aussi ce qui fait son charme.
C’est le début du Jazz Cool
, sous l’influence des compositeurs Duke ELLINGTON et Billy STRAYHORN, Gil EVANS fait découvrir un nouveau style musical de haute volée, dans lequel Gerry MULLIGAN et Lee KONITZ qui sont aussi partie prenante du nonet vont par la suite s’affirmer. L'enregistrement est produit par Pete Rugolo, qui est déjà l'arrangeur de référence pour l'orchestre de Stan Kenton

 

Mais l’accueil est loin d’être enthousiaste, il faudra attendre l’année 1954 et la sortie de l’album BIRTH OF THE COOL pour que le public comprenne et adhère à ce nouveau style, le jazz cool.
Miles DAVIS appartient à ce courant du Jazz Cool, mais il est très amer par rapport au fait que l’album BIRTH OF THE COOL met cinq ans à sortir, qu’aucun autre club que le Royal Roost et le Birdland n'accueille l'orchestre, et qu’entre l’enregistrement de l’album et sa sortie, beaucoup de musiciens de Bebop galèrent tandis que Lee KONITZ, Shorty RODGERS et Lennie TRISTANO entament et poursuivent une brillante carrière.

 

Toujours en 1949, Miles DAVIS refuse un engagement dans l’orchestre de Duke ELLINGTON, c’est un tournant dans sa carrière puisqu’il décide désormais de privilégier ses projets en leader, plutôt que de s’installer durablement dans un des plus grands big band de jazz du XXe siècle.

 

Il continue à fréquenter régulièrement le compositeur Gil EVANS, une grande amitié et des affinités musicales les lieront tout au long de leurs vies.


Toujours fidèle à ses sérieuses piques envers l’establishment blanc, Miles considère que le Jazz Cool de BIRTH OF THE COOL, co-réalisé avec Gil EVANS, est beaucoup plus facile d’accès pour le grand public et pour les journalistes, que la rugosité, l’extrême rapidité et le côté radical du Be Bop. Pourtant la musique est avant gardiste et géniale !

Les arrangements pour moyenne section de cuivres de cet album restent un modèle incontournable pour de nombreuses générations de jazzmen.

 

L’un des derniers enregistrements de qualité avec Charlie PARKER, qui est aussi un des monuments du Be Bop est réalisé le 3 janvier 1949 par le magazine Métronome, pour le label RCA, il s’appelle Metronome all Stars. Dans cet enregistrement, on retrouve dans le morceau No Figs une structure d’accords non exempte de ressemblance avec Donna Lee. Le 10 janvier 1949, lors de l’enregistrement du thème No Figs sur le disque Metronome all Stars, le morceau est attribué pour la séance au pianiste Lennie TRISTANO.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quel que soit le musicien qui a réellement composé ce thème, on peut remarquer et écouter la grande similarité existante entre la structure des morceaux. La grille d’accords, et le sens général de la progression harmonique ne semblent pas présenter de différences marquées, surtout dans Victory Ball, entre la 25e et la 29éme mesure, avec l’accord de C7 +9 b5, qui ouvre le Be Bop vers des sphères harmoniques modales.

Les similarités harmoniques entre ces deux morceaux sont plus marquées qu’avec un autre thème souvent cité, S Wonderful, qui date du 21 aout 1927, et qui est normalement attribué à Georges GERSHWIN pour la comédie musicale Funny FACE. La grille d’accords de Donna Lee est aussi la même que le classique Indiana, surtout référent dans la version de Bud POWELL, dans l’album Bud’s Bubble.

 

Miles est très actif, il dirige un quintet avec Lee KONITZ, il monte aussi un autre groupe et se produit dans la 52e rue, avec le saxophoniste ténor Sonny ROLLINS, le batteur Roy HAYNES, Percy HEATH à la contrebasse et le pianiste Walter BISHOP.
Il est également embauché dans la formation du contrebassiste Oscar PETTIFORD, puis dans l’orchestre du pianiste et arrangeur Tadd DAMERON. Lors d’une fameuse jam session, le trompettiste Kenny DORHAM vole la vedette à Miles DAVIS qui lui rend lui-même la pareille le lendemain.

PARIS ET L’AMOUR

Avec Tadd DAMERON, Miles joue à Paris le 8 mai 1949, le batteur Kenny CLARKE, le saxophoniste James MOODY, et le contrebassiste Français Pierre MICHELOT l‘accompagnent. Cet évènement est le premier concert international de jazz de l’après guerre à Paris, il revêt donc une importance considérable pour le public français et pour Miles. De plus ce dernier joue admirablement dans un style be bop et les spectateurs parisiens sont conquis et ébahis. Ce public et les critiques se rendent compte que Miles représente déjà pleinement le jazz et la culture musicale afro américaine, alors qu’aux Etats Unis, cette musique est encore ignorée voire dénigrée. La reconnaissance que Miles reçoit est extraordinaire, elle le surprend et fait aussi que son séjour se passe comme sur un nuage.

 

Miles rencontre Boris VIAN, Jean Paul SARTRE, Pablo PICASSO, et la belle Juliette GRECO, dont il tombe éperdument amoureux.

« Je ne m’étais jamais senti comme ça de toute ma vie ».

Pour la première fois, il est sur un pied d’égalité avec une femme. En France, dans une grande ville comme Paris et contrairement aux Etats Unis, il se sent comme un être humain, important, libre et respecté.
A Paris, il peut avoir une courte mais vraie relation avec Juliette GRECO, alors qu’aux Etats Unis il est impossible voir très dangereux de s’afficher ouvertement avec une femme blanche, le diagnostic vital est engagé !

 

Miles est déchiré par ce coup de foudre car sa famille l’attend et dépend de lui à New York, même si ses rapports avec Irène BIRTH sont distendus à cause de sa vie de musicien.

Jean Sol PARTRE lui demande, « Pourquoi ne vous mariez vous pas avec Juliette ? ».

 

Dans ce milieu de fans, d’écrivains, de musiciens, d’artistes et d’intellectuels, Miles se rend compte qu’en France, et particulièrement à Paris, les blancs ne sont pas tous les mêmes et n’ont pas tous les préjugés raciaux qui prévalent injustement aux Etats Unis.

 

 

L’HEROÏNE, UN PIEGE POUR LES MUSICIENS

Le batteur Kenny CLARKE décide de rester et de s’installer à Paris, et Miles rentre à New York, mais le retour est très dur, c’est vite la catastrophe et la dépression.

De plus l’Amérique est en pleine chasse aux sorcières, le mac-carthisme et la stupidité règnent en maître. Sous prétexte de guerre froide de nombreux politiciens hystériques s’installent aux postes clés, et l’Amérique fasciste et bien pensante fait des ravages dans les milieux artistiques et dans la vie courante. Par désespoir et dépit amoureux, Miles DAVIS, désemparé, triste et nostalgique de Paris et de Juliette GRECO se retrouve rapidement accroché à l’héroïne, une forte dépendance à cette drogue s’installe durement.

L’héroïne fonctionne pour lui comme un palliatif, avec lequel il perd rapidement tout désir. Il s’enferme dans un mode de vie ou en dehors de la musique, tout tourne autour de la drogue.

De plus, le Be Bop passe un peu de mode, beaucoup de big band s’arrêtent de tourner, le chômage, le dépit, le racisme font que beaucoup de musiciens de jazz craquent. Miles se retrouve souvent avec d’autres musiciens junkies, comme Sonny ROLLINS, le batteur Art BLAKEY, et le saxophoniste ténor John COLTRANE, avec lesquels ils assouvissent leur penchant et leur dépendance aux drogues dures.

 

C’est aussi un moment où les héritiers blancs de Charlie PARKER, s’en sortent plutôt bien, Dave BRUBECK, Lennie TRISTANO, Lee KONITZ, Gerry MULLIGAN, Stan KENTON, et Paul DESMOND ont tous le vent en poupe, ils surfent admirablement sur la vague du Cool, un excellent jazz blanc souffle sur les Etats Unis.
L’échec commercial du nonette de Miles, le retour à New York, la fin d’une histoire d’amour avec Juliette GRECO sont d’autant plus durs à digérer. L’année 1951 est très difficile pour lui, et il joue peu en concert.

 

Accro et malade, Miles adopte un comportement dur lié au milieu des gros bras et des dealers, il a des besoins d’argent importants, et commence à « faire le mac », et à dépenser de grosse sommes d’argent pour l’achat d’héroïne. Il arnaque le trompettiste Clark TERRY, il met sa trompette au clou chez un prêteur sur gage, et pour certains concerts, il doit emprunter les trompettes de ce dernier ou de Art FARMER. Il s’enfonce et commence à prendre le chemin de Fats NAVARRO, et de Charlie PARKER.

Cependant il se produit avec ces musiciens, il enregistre avec la chanteuse Sarah VAUGHAN et le pianiste Bud POWELL, il joue toujours avec le contrebassiste Oscar PETTIFORD et monte un sextet avec le trombone JJ JOHNSON, et les saxophonistes Stan GETZ et Wardell GRAY, et il joue à Chicago dans l’orchestre de la chanteuse Billie HOLLIDAY durant la période de noël 1950.

 

 

 

 

 

 

 

Momentanément de retour à East Saint Louis, Miles se sépare d’Irène BIRTH, sa première compagne et la mère de ces deux premiers enfants.

Il reprend la route avec le chanteur Billy ECKSTINE. A Los Angeles, avec Dexter GORDON et Art BLAKEY, il se retrouve en prison pour usage de stupéfiants et y fait l’expérience humiliante et quotidienne du racisme des gardiens de prison et des policiers. Un journaliste du magazine Down Beat, dévoile cette histoire sur la place publique, les patrons de clubs alors mis au courant, refusent de l’embaucher.
En 1953, il est dans un sale état, et il se fait littéralement balancer par le chanteur Cab CALLOWAY, lors d’une « interview » pour le magazine Ebony, le titre racoleur de l’article est : « La drogue est elle en train de tuer nos musiciens ».

Miles DAVIS est relaxé par la justice en 1951.

PREMIER CONTRAT ET PREMIER MICROSILLON 1950, 1954, LES ANNEES PRESTIGE

A la fin des années 40, le label de jazz PRESTIGE démarre, et son directeur signe un premier contrat d’enregistrement de 750 dollars par an avec Miles DAVIS.

 

Ce dernier enregistre début 1951, sous son nom, puis avec Sonny ROLLINS, et encore pour le label VERVE avec Charlie PARKER. On peut considérer que 1950 à 1955 sont pour Miles « Les années PRESTIGE ».

 

 

Il rencontre le jeune et talentueux saxophoniste alto Jackie Mac LEAN, alors âgé de 19 ans, qui est blanc et avec lequel il sympathise immédiatement. Ils prennent un appartement ensemble, Mac LEAN se forme à « L’université Miles DAVIS ». Miles lui propose de jouer dans un quintet, avec Sonny ROLLINS au sax ténor, Percy HEATH à la contrebasse, et Walter BISHOP au piano et Art BLAKEY à la batterie.

A New York, toujours sur la liste noire de nombreux patrons de clubs, Miles commence malgré tout à jouer au Birdland, et il enregistre avec Lee KONITZ pour le label PRESTIGE. Il se fait aussi embaucher avec Charlie MINGUS dans le groupe des saxophonistes ténor Eddie Lockjaw DAVIS et George NICHOLAS.

Toujours en 1951, Miles enregistre un autre disque, connu maintenant sous le nom de Miles DAVIS all Stars et de Dig, c’est le premier microsillon (disque noir) de sa carrière et un des premiers enregistrements 33 tours de l’histoire du jazz. Le format de disque 78 tours, avec ses trois minutes, imposait un schéma strict avec des solis très courts et très condensés. Avec le 33 tours, l’enregistrement et les longueurs de solis deviennent plus libres et un peu plus longs.

Miles embauche Sonny ROLLINS au sax ténor, Art BLAKEY à la batterie, Tommy POTTER à la contrebasse, Walter BISHOP au piano, et Jackie Mac LEAN au saxophone alto, pour qui c’est le premier enregistrement, Miles est particulièrement content de ces sessions.

Mais ses problèmes avec l’héroïne continuent, il continue à récupérer de l’argent et à bénéficier des largesses de jolies femmes qui l‘aident financièrement. Il n’est pas réellement un proxénète mais sans ses femmes qui sont parfois des call girls de luxe, des prostituées, des femmes de bonne familles et des amies proches, il lui est impossible d’acheter ses doses quotidiennes qui lui coûtent de plus en plus cher. Il va droit dans le mur.

Miles est de plus en plus accroché à l’héroïne, « Ma maitresse c’était elle ».

Par chance son père vient le chercher à New York avant qu’il ne soit trop tard, les besoins d’argent de Miles se font pressants et sa dépendance est terrible, malgré tout, il a conscience que pour s’en sortir il doit rester clean.
Pour l’aider à décrocher, son père décide de le faire incarcérer dans la prison fédérale de Belleville pour usage de stupéfiants, puis de le faire désintoxiquer à Lexington. Mais Miles est en manque, et au dernier moment, il reprend le chemin de la drogue dure et de New York.

PREMIER ENREGISTREMENT AVEC JJ JOHNSON ET LE LABEL BLUE NOTE

En 1952, Miles enregistre sur le fameux label de jazz d’Alfred LION, Blue NOTE. Grace à Jackie Mac LEAN, il rencontre le contrebassiste Paul CHAMBERS, ainsi que les batteurs Tony WILLIAMS, et Art TAYLOR.

Miles se fait aussi embaucher sur la tournée d’été du chanteur de jazz et présentateur Symphony Sid all Stars, un classique du genre, il « cachetonne ». Mais il ne va pas bien, sa dépendance est si forte qu’il arnaque de plus en plus les musiciens autour de lui.

 

Miles a toujours pensé que l’usage des drogues devrait être légalisé, de manière à éviter au maximum les problèmes de délinquance, mais aussi pour sauver des vies humaines lorsqu’un ou une toxicomane décide de décrocher (les passes de Billie HOLIDAY).

 

Il enchaine les sessions d’enregistrement et les disques, du label PRESTIGE au label BLUE NOTE.

L’album CHRONICLE, The Prestige recordings 1951-1956 Victor VICJ-40225/32, et plus particulièrement le deuxième CD, est une compilation qui reflète bien le style de musique et les arrangements que Miles joue en 1953 en septet, avec entre autres les saxophonistes Al COHN et Zoot SIMS.

 

 

 

Paradoxalement, Miles a des difficultés à tourner, mais, lorsqu’il enregistre un nouveau disque et un nouveau thème, souvent tiré d’une comédie musicale de Broadway, tous les musiciens de New York intègrent à leur répertoire ce nouveau morceau, qui devient immédiatement un standard.

A l’automne 1953, Miles est au bout du rouleau. Avec l’aide de son père et de Max ROACH, il retourne à East Saint Louis et tente vainement de décrocher de l’héroïne. Puis il va jouer sur la côte ouest des Etats Unis avec Max ROACH et Charlie MINGUS. Sur la route, pendant leur déplacement, il leur est presque impossible de se faire servir à manger dans les restaurants tenus par des blancs.

A Los Angeles, Il rencontre Frances TAYLOR, la première femme qu’il va plus tard épouser légalement.

COLD TURKEY

Dans les clubs de jazz, Miles est de plus en plus tendu, irascible et enclin à se bagarrer. Avant que sa situation personnelle n’arrive à un point de non retour, il décide de retourner encore sur East Saint Louis pour essayer de décrocher de l’héroïne.

Miles s’enferme à double tour dans une maison d’ami de son père, et il se laisse suer et sécher ; en manque, il « transpire comme une bête ». Les douleurs sont indescriptibles, presque intolérables, les articulations sont hyper douloureuses et Miles évoque la mort comme un cadeau.
Pendant plusieurs longs jours, il lui est impossible de manger, et de faire quoi que se soit sinon d’attendre que le mal et les douleurs s’amoindrissent puis disparaissent. Pour une désintoxication, cette méthode est efficace et rapide, mais elle est très fatigante pour le cœur et pour le corps.

Au bout de son calvaire, Miles se sent mieux. Purifié, il tombe dans les bras de son père et sent qu’il se sort de sa dépendance à la poudre et qu’il peut faire redémarrer correctement sa vie.